Le fait d’être né à l’ère du digital et d’avoir été bercé de technologie tout au long de son enfance apporte souvent une forte crédibilité aux Millenials concernant leurs talents en informatique et leur capacité de gérer plusieurs tâches en même temps. L’étude des chercheurs A. Kirschner et Pedro De Bruyckere se penche sur cette légende aussi fausse que bien ancrée dans les esprits.
Millenials : des pros de la nouvelle technologie ?
Le postulat de la suprématie des Digital Natives concernant le digital a la dent dure. Cette génération d’après 1984 se voit en effet allouée un don naturel pour tout ce qui touche à la technologie.
Selon l‘étude d’A. Kirschner ou Pedro De Bruyckere, il ne faut pas croire que les étudiants élevés au sein d’un environnement à la digitalisation omniprésente sont fondamentalement différents des générations précédentes. Cette image leur a certainement été attribuée du fait que c’est naturellement vers eux que les aînés se tournaient pour bénéficier d’une aide informatique. Pour ces raisons, la société les a donc rapidement considérés comme ayant une appréhension de l’environnement différente à laquelle le système éducatif devrait s’adapter.
Étiquetés « génération digitale », les étudiants se sont également vu attribuer une certaine qualité d’appréhension simultanée de plusieurs sources d’information. Pour simplifier, on les pensait davantage multitâche que les générations antérieures. Or, être né dans un monde digitalisé ne rend pas quelqu’un naturellement multitâches. Il serait d’ailleurs plus juste de parler de rapidité de basculement d’une tâche à une autre plutôt que d’aptitude à réaliser réellement plusieurs choses en même temps. À partir de là, reconstruire l’éducation autour de cette fausse vérité serait une erreur. Et cela entraverait même le bon apprentissage plutôt que de le faciliter.
Une réalité plus terre à terre
En réalité, les Millenials ne sont ni multitâche, ni des génies de la technologie. Peut-être les aînés leur ont-il attribué ces talents pour s’auto-rassurer quant à leurs difficultés d’apprentissage ? Toujours est-il que les réelles compétences de ces Digital Natives se limitent bien souvent à l’utilisation d’outils de base sur la suite Office, aux mails, aux sms, au chat en ligne et à l’utilisation d’Internet, sans oublier Facebook. Une sorte de kit de survie des compétences basiques à maîtriser.
Il est toutefois indéniable que leur relation à la technologie est différente. Ils se servent en effet davantage des nouveaux médias pour s’informer. A l’inverse, les générations pré-1984 plébiscitent la TV, radio et presse écrite.
Les Millenials ont donc certes une meilleure affinité que les autres générations pour la technologie, mais ne sont pas pour autant aussi compétents dans le domaine que l’on voudrait nous le faire croire. Aucune raison donc, a priori, de les redouter à ce point.
Sources : Etude de A. Kirschner et Pedro De Bruyckere, La Revue du Digital
Photos : Chiboline, BNtouch, Comarketing News